Jolie photo, vous ne trouvez pas ? Dans la réalité, c’est un décor du Costa Rica. Mais pour moi, c’est devenu un endroit de Foëdr. Plus précisément un endroit qui se trouve au fond du ravin de Novera, non loin du village d’Esrenn-Daile.
Je ne cherchais même pas de paysage « inspirant » lorsque je suis tombée dessus mais il s’est passé quelque chose avec cette photo, ou du moins avec ce paysage, dès l’instant où je l’ai eu sous les yeux. Est-ce la couleur de l’eau et la luminosité assez sombre, qui rendent ce lieu assez sauvage, presque inquiétant ? Les rochers, la paroi de la falaise creusée de partout ? Je ne saurais dire,mais il a suffit que je vois cette photo pour imaginer toute une scène du tome 1 de « Destinée ».
C’est dans ce décor que mon héroïne va vivre une mésaventure douloureuse, voire dangereuse, et surtout, faire une rencontre effrayante qui aura une grande importance par la suite (mais pas avant le tome 3) ; voici l’extrait :
« Et puis, oscillant dans la pénombre verte de la gorge et les embruns iridescents qui jaillissaient de l’eau et des cascades, une silhouette fantastique apparut soudain. Loënn cilla plusieurs fois, elle voulut se redresser pour fuir mais elle était paralysée. Son esprit avait perdu toute force, toute volonté, son corps n’était que douleur. Un poids mort qu’elle ne pouvait plus mouvoir. Les corbeaux sautillaient et croassaient de plus belle, tournant leurs terribles becs vers l’apparition, comme s’ils commentaient la situation. La créature s’approcha. Cela ressemblait vaguement à une femme. Une femme terriblement maigre, terriblement sale. Elle était de taille moyenne et se déplaçait bizarrement, comme un crabe. Sans doute à cause de son genou effroyablement tordu vers l’extérieur. Elle s’aidait d’ailleurs d’un bâton pour marcher. Elle portait une robe classique bien que sale, mais rien en dessous : pas de chemise, rien, elle portait la robe à même la peau et ses clavicules, ses épaules, ses coudes saillaient et paraissaient rouler sous sa peau couturée de cicatrices. Une masse de cheveux noirs et hirsutes, inextricablement emmêlés, se dressait sur son crâne et croulait sur ses épaules décharnées. Dans son visage osseux, au nez cassé, un œil, le droit, était d’un bleu clair et limpide, vif et brillant. Le gauche n’était qu’une masse vitreuse, opaque, dans un amas de chair boursouflée. Loënn n’était pas certaine d’être éveillée. Elle vit l’apparition crapahuter vers elle, l’observer avec méfiance, puis la pousser assez rudement du bout de son bâton, comme on fait pour s’assurer qu’une bête est bien morte. D’un coup d’aile, un corbeau vint se percher sur l’épaule de l’apparition.
La femme mystérieuse (si c’en était bien une), s’approcha encore. Elle semblait inquiète. Finalement, elle s’accroupit près de Loënn et tendit vers son visage une main aux ongles longs et sales, plus semblable à une serre qu’à une main humaine. Les ongles pareils à des griffes se refermèrent sur la joue et le menton de la blessée. Loënn fit un terrible effort pour parler mais ne put émettre qu’une sorte de râle.
- Jeune… fit l’effrayante apparition d’une voix rauque et lente, comme si parler lui demandait un gros effort. Belle….
Elle eut une sorte de sourire, de rictus plutôt, puis émit un semblant de rire :
- Moi aussi j’étais jeune, belle…
Son visage se ferma d’un coup et elle se rejeta en arrière :
- Laides ! Mauvaises ! Mauvaises ! Les femelles du dieu scorpion ! Sorcières ! Tous les jours… tout le temps… Méchantes ! Aussi mauvaises que Nakaou !
Même à demi consciente, Loënn se raidit. En ce lieu sauvage et désert, au milieu des nuées de corbeaux et avec cette inquiétante créature près d’elle, entendre évoquer Nakaou, l’esprit mauvais, la glaça. Le pèlerin de la nuit. On racontait qu’il apparaissait sous l’apparence d’un humain de petite taille, enveloppé dans une cape bleue sombre, presque noire, très large et très flottante. Il avait la tête cachée sous un capuchon. On ne voyait jamais son visage mais on distinguait la lueur rougeoyante de ses yeux. Il tenait à la main un long bâton de bois blanc incrusté de motifs noirs. Il était autant dire le seul des esprits de Foëdr à apparaître parfois aux humains, mais le voir était signe de malheur et de mort.
- Ah ! Ah ! Ah ! s’esclaffa soudain la femme inconnue. Le trou ! Le grand trou ! Shrîîîr est sortie. Shrîîîr a rampé sous la terre. La déesse des hommes fauves n’a pas mangé Shrîîîr. Mauvaises ! Mauvaises !
Elle cracha entre ses dents clairsemées.
- Oh Krell, c’est une folle !
Le choc était passé, Loënn sentait ses esprits lui revenir. Elle dut quand même faire un terrible effort pour se soulever, non sans difficulté :
- Je ne sais pas de quoi vous parlez… commença-t-elle.
La femme poussa un cri aigu, un cri d’effroi, et se recula précipitamment. Les corbeaux se mirent tous à jacasser à qui mieux mieux puis s’envolèrent en un nuage noir qui un moment occulta la lumière. L’apparition quant à elle fuyait de sa démarche claudicante sur sa jambe tordue. En un instant, il n’y eut plus ni femme ni oiseau près de du torrent. Loënn se retrouva seule. »
C’est assez incroyable, non ? Et vous, avez-vous déjà imaginé une histoire ou une scène juste en voyant une image ?
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