Hum, je me rends compte que ce titre peut interpeler. Alors avant toute chose : pour ceux qui l’ignorent et qui déjà se disent : « Hein ?! C’est quoi cette histoire d’hybride ? Un « auteur hybride », mais c’est quoi cette bête ? C’est pas contagieux au moins ? » pour ceux-là donc, précisons. Un auteur hybride, jeune padawan, c’est un auteur qui tout en travaillant avec une ou plusieurs maisons d’édition classique(s) sort AUSSI des livres en autoédition.
Et là bien sûr on va me demander : « mais à quoi ça sert ? En quoi c’est bien ? Si on a la chance d’être édité par une vraie maison d’édition, pourquoi se casser le trognon (et souvent le porte-monnaie) à auto éditer ses livres ? »
Alors bien sûr, mon expérience personnelle est très limitée. J’explique : concrètement, j’ai à mon actif deux ouvrages auto édités, l’un par les Editeurs du Net (qui malgré leur nom ne sont pas des éditeurs classiques et ne font pas de travail éditorial sur les œuvres) et l’autre via Librinova. Je peux donc dire que je suis auteur auto édité. Jusque-là tout va bien.
J’ai aussi quelques textes très courts, destinés à un public jeune, qui ont été édités en leur temps dans un magazine destiné aux écoles maternelles et même dans un recueil de contes publié par HEMMA (Belgique).
Techniquement, cela fait de moi, je suppose, un auteur hybride. D’un autre côté, la publication des contes pour enfants ça commence à remonter (même si à ce jour je cherche à nouveau des éditeurs pour eux). Donc je ne sais pas trop si ça compte encore. Et puis, il est difficile de comparer quelques contes d’une à deux pages à un roman.
Maintenant, revenons à la question de base : en quoi c’est bien d’être hybride dans ce domaine ? Pour ce que j’en sais (ce sujet pourra être approfondi et modifié par la suite), il y a comme très souvent des aspects positifs dans les deux manières de faire.
Un éditeur classique vous demandera très certainement de revoir tout ou partie de votre texte ou vous suggérera d’y apporter des modifications pour le rendre plus « vendable ». Je sais ce que pensent certains : « non, c’est mon texte, je ne changerai rien ».
Personnellement, je pense que les modifications suggérées sont à étudier de près car, dans certains cas, elles peuvent réellement améliorer le texte et lui donner plus de potentiel. Je peux donner deux exemples contradictoires sur le sujet : j’ai eu l’occasion, il y a de cela quelques années, de lire la première version du roman de Christelle Dabos « La passe-miroir ». Elle n’était pas encore été éditée par Gallimard et avait donc publié son roman sur le net. Et c’était excellent. L’auteur avait un style et un vocabulaire vraiment à elle, qui conféraient vraiment quelque chose « en plus » à l’histoire. Puis Christelle Dabos a gagné le concours littéraire proposé par Gallimard et elle a été éditée. Ni les personnages (sauf quelques noms) ni l’histoire (sauf quelques détails) ne changeaient, mais en relisant le livre j’ai été déçue. Tout ce côté pétillant et novateur qui venait des tournures de phrase de l’auteur avait été supprimé. Ma première pensée a été que le texte avait été « calibré » pour mieux se fondre dans la masse et que cela lui faisait perdre beaucoup de sa personnalité. C’est évidemment un avis personnel.
Tout le monde connait aussi l’histoire de « Twilight » ; c’est l’éditeur qui a suggéré à Stephenie Meyer de créer un triangle amoureux dans son roman, ce qui n’était pas prévu à la base. Certains ont adoré (nous n’avons pas oublié les « team Edward » et « team Jacob » se battant à coups de bouquins, ou presque). Personnellement ça m’a incroyablement gonflée. J’ai horreur des triangles amoureux et celui-là en particulier m’a sérieusement pris le chou. Je ne crois pas être la seule. On ne peut cependant pas nier le succès planétaire de l’œuvre.
A l’inverse, j’ai eu l’occasion de lire un roman de fantaisy auto édité (« Fournaise » de Lucie Card) et là, eh bien… là au contraire il manquait quelque chose. Attention, l’auteur a fait du très bon travail, l’univers et les personnages sont extrêmement travaillés, l’histoire se tient, etc. Mais c’est terriblement long. Sauf au début et à la fin, il ne se passe rien et franchement, on s’ennuie. Je pense que s’agissant d’un premier tome, Lucie Card a gardé l’action pour plus tard. L’ennui c’est que du coup, ce tome un est ennuyeux. Là par contre, un éditeur aurait sûrement, et avec raison, suggéré de « muscler » l’intrigue de ce premier opus, de prévoir des péripéties qui captent l’attention du lecteur, ce qui l’aurait amélioré.
Pas facile, hein ? Et ce n’est même pas la faute de l’auteur. Tout le monde est unanime sur ce point, l’auteur finit par ne plus voir son texte, tellement il le connaît (d’où l’intérêt aussi de la bêta-lecture).
Ah et puis bien sûr, un éditeur va aussi prendre en charge une grande partie du côté marketing et promotion, et ça c’est très, très, très appréciable. Cette fois, je parle en connaissance de cause !
Du coup, que reste-t-il de positif dans l’autoédition ? Car oui, il y a du positif. Et commençons par tordre le cou à une idée fausse : non, les auteurs auto édités ne sont pas des laissés pour compte. Non, leurs œuvres ne sont pas des rebuts indignes de l’édition traditionnelle et donc, bons pour la poubelle. J’ai posté récemment un billet sur « Ys », un roman auto édité d’Aurélie Philippe, et c’est une bonne preuve de ce que j’avance (je ne peux pas parler de « Destinée » parce que vu que c’est moi qui l’ai écrit, je n’ai pas forcément le recul nécessaire. C’est comme si vous demandiez à des parents s’ils trouvent des qualités à leur enfant).
N’oublions pas non plus que depuis maintenant quelques années, les éditeurs viennent faire leur marché parmi les œuvres auto éditées. Il commence même à y avoir des sites tels qu’Edith & Nous faits pour les éditeurs, sur lesquels les auteurs peuvent proposer leurs textes. On ne compte plus aujourd’hui les livres qui ont commencé auto édités et ont fini chez un éditeur de métier. Ceci simplement pour souligner le côté qualitatif.
Ensuite, l’autoédition permet une grande liberté, celui notamment de mélanger les genres, ce que les éditeurs classiques n’aiment pas trop. Vous voulez mélanger romance et science-fiction ou polar et fantaisy ? Vous pouvez. Mais je doute que ça rentre dans les « cases » bien délimitées de l’édition classique.
Ceci nous ramène à l’intérêt d’être un auteur hybride. Cela vous permet d’écrire absolument tout ce que vous avez envie d’écrire, tout en vous faisant connaître bien plus facilement tant dans le monde de l’édition que par les lecteurs. Monsieur Eddy Theur ne veut pas de votre histoire d’amour dans une autre galaxie avec des Martiens et tout le toutim ? Pas grave, vous l’auto éditez. Il veut absolument votre polar tout noir qui s’inscrit dans sa ligne éditoriale ? Super, cela va faire parler de vous et potentiellement vous amener des lecteurs pour vos œuvres auto éditées avec, en quelque sorte, un « gage de qualité ».
Que du bonheur.
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