Qu’est-ce qu’un livre ?
Je sais, la question peut paraître absurde.
Je ne peux pourtant pas m’empêcher de me la poser quand j’entends (de plus en plus souvent) des réflexions qui me laissent à penser que la dictature de l’esthétique a répandu son poison (et son inanité) jusque dans le monde du livre.
Il semblerait que pour certains, les livres sont réduits à une seule chose : une belle couverture. Non mais super belle, quoi : motifs brillants, en relief, etc, etc. Un objet brillant à exposer, de préférence au milieu d’autres du même goût.
Hein ? Les lire ? Bah non, pourquoi faire ? Ah il y a cependant la possibilité de les lire, oui, mais UNIQUEMENT si la couverture est somptueuse. Ben quoi ? Elle n’est pas raccord avec le contenu ? Et alors ? Elle est belle, c’est tout ce qui compte. Et euh, il est bien, ce livre ? Peu importe, puisqu’il est beau !
Non mais où on va, là ?! Oui, je sais que certains appliquent le même principe aux êtres humains. La synthèse des deux, c’est un commentaire que j’ai lu récemment sur un site dont je tairais le nom. Un commentaire à propos du chef d’œuvre de Charlotte Brontë, « Jane Eyre ». Je cite : « ouais mais c’est répété plusieurs fois dans le bouquin que Jane est moche. Alors bon, je peux pas m’identifier ». Pardon ? Alors entendons nous bien, je comprends qu’on puisse ne pas aimer un livre ou ne pas éprouver d’empathie pour les personnages. Aucun souci là-dessus.
Ce que je ne peux pas avaler, c’est le « je ne peux pas m’identifier à un personnage qui n’est pas bôôô ». Cela signifie-t-il que cette personne s’identifierait sans peine à une belle pétasse insipide ? Navrée, je ne comprends pas.
Alors oui, bien sûr qu’une belle couverture c’est attractif. Et je ne vais sûrement pas renier celles qui ont été créées pour mes propres romans et que j’adore. Mais ce n’est quand même que l’emballage ! Ce qui compte avant tout, c’est le texte. Enfin, un livre c’est AVANT TOUT un texte ! Clairement, même avant les extrêmes que je viens de citer, je n’ai jamais, mais alors jamais compris qu’on place l’aspect du livre avant son contenu. Ça ne m’a jamais dérangé d’acheter des livres de poche, ou d’occasion. J’ai dans mes bibliothèques des ouvrages à la couverture vieillotte, passée, décolorée et au papier jauni. Mais des trésors se cachent dans leurs pages et je ne les changerais pour rien au monde contre un objet clinquant.
Et puis il y a une chose à ne pas oublier : il y a une mode dans les couvertures de livres comme dans le reste. Si aujourd’hui on veut du clinquant, demain on aimera la sobriété. Si aujourd’hui on veut des couleurs pétantes, demain on voudra du neutre. Etc. Que deviendront alors ces livres qu’on trouve si bôôô aujourd’hui, si ce n’est pas pour leur contenu qu’on les apprécie ?
Quand un livre est réédité ou qu’il passe par plusieurs collections, la couverture change à chaque fois.
Le texte, lui, reste le même.
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