Le syndrome de la résurrection

Publié le 25 février 2024 à 22:25

Je sais, je sais : c’est un grand classique, tant en littérature qu’au cinéma. On croyait que tel personnage était mort mais en fait, il ne l’était pas (ou bien il l’était, mais un prodige le ramène à la vie).

Ainsi, on croyait que Sherlock Holmes avait été englouti par les chutes du Reichenbach (et tel était bien le souhait de Conan Doyle, mais ceci est une autre histoire). On croyait que Gandalf avait disparu dans l’abîme de Khazad Dûm et qu’Aslan avait été sacrifié à la place d’Edmund Pevensie. On a…euh… (pas cru une seule seconde) que la mère d’Aquaman avait été déchiquetée et dévorée par les prédateurs de la Fosse… etc.

Bref, c’est un ressort narratif très fréquent, qui crée de l’émotion, du conflit et de la surprise en même temps que du rebondissement et qui oriente le récit dans tel ou tel sens, car les proches ou compagnons du disparu vont adapter leurs actions en fonction de leur certitude de l’avoir perdu. Avec ça, le retour (ou la résurrection) du personnage vous a un petit côté christique qui peut faire son effet et rajouter une sorte d’aura au pimpin concerné.

Très bien.

Seulement, il ne faut pas en abuser. Tuer ou faire semblant de tuer un personnage important, j’ai envie de dire que c’est une sorte de joker : on peut l’utiliser une fois, pas plus. Parce que s’il y a bien une chose insupportable, c’est quand les personnages meurent et ressuscitent constamment. C’est aussi insupportable que les personnages trop parfaits ou trop puissants qui réussissent toujours tout sans le moindre effort (tout sauf susciter l’intérêt ou l’empathie du lecteur ou du spectateur).

Non c’est vrai : une fois pourquoi pas, je ne suis pas contre, mais ça devient très, très vite lassant. Prenez la série « Games of Throne ». Je suis prête à parier qu’elle n’aurait pas eu la moitié de son succès si au lieu de mourir pour de bon les personnages avaient passé leur temps à ressusciter ou à revenir. Parce que non seulement c’est lassant, mais en plus au bout d’un moment, ayant compris que c’était du pipeau, on décroche complètement : « il est mort ? Bof, il reviendra comme les autres. Passe-moi les chips ». Ou « il risque de mourir ? Bah ! Personne ne meurt pour de bon dans cette histoire . Tu as acheté du coca ? ».

Émotion zéro. Conflit zéro. Rebondissement osef et la seule surprise sera de savoir combien de temps le quidam mettra de temps à revenir. Pas folichon. Quant au côté christique, à oublier. Ben ouais, le Christ, il est revenu qu’une fois, hein.

Voilà, le personnage qu’on croyait mort et qui ne l’était pas (ou qui revient à la vie d’une manière ou d’une autre, c’est pareil), c’est bien, il a réussi son petit effet, c’est super. Mais s’il le fait tout le temps ou que tout le monde le fait tout le temps, clairement ça n’a plus le même impact. En plus de prendre le chou (oui, même Loki dans les films « Thor », il était temps que ça cesse tellement ça devenait pénible : « Tiens, il n’est pas encore mort, celui-là ? Ça ne devrait pas tarder. Du coup, je sais la suite, alors bof, quoi. ».

Les mecs, les filles, vous pouvez aller ressusciter ailleurs, s’il vous plaît ? Ça nous fera des vacances.

Merci.

 

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